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  • Journal 12

    PERDUE DE VUE

     

    j'ai souvent cherché

    à retrouver

    sa trace

     

    en tapant son nom

    dans le moteur de recherche

    de Google

     

    son nom de jeune fille

    son nom d'épouse

    ou du moins le dernier

    dont j'avais eu connaissance

     

    je n'ai récolté que 2

    ou 3 résultats

    datant de près de 20 ans

     

    elle avait disparu

    ou se trouvait en dessous

    des écrans radar

     

    comme au-delà de l'horizon

    cachée par la courbure

    de la terre

     

    j'ai bien sûr envisagé

    qu'elle soit morte

     

    mais je crois que si

    elle n'était plus de ce monde

    j'aurais été prévenu

    par une petite alarme

    intérieure

     

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  • Journal 11

    TRANSHUMANCE

     

    quand vient le temps

    de la transhumance

     

    les poètes descendent

    en voiture en stop en train

    vers le midi

     

    où se tiennent l'été

    les festivals de poésie

    qui durent une semaine

    ou même davantage

     

    le temps de mieux se connaître

    et de se rapprocher

    le temps de flirter

    et plus si affinités

     

    les festivals de poésie

    ne servent qu'à mettre

    en relation

    les poètes

    et les poétesses

    pour qu'ils se reproduisent

     

    c'est l'équivalent

    du bal

    du samedi soir

    dans les campagnes

     

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  • Journal 10

    TOKYO

     

    je me souviens de ce mendiant

    sur le trottoir d'une rue à Tokyo

    près de mon hôtel

     

    il restait perpétuellement assis

    sur une chaise

    et sous un grand parapluie noir

    ouvert et fixé

    au dossier de la chaise

     

    la nuit

    ou les jours de pluie

    il refermait soigneusement

    l'espace autour de lui

    avec une feuille de plastique

    pour se constituer un étroit

    habitacle en forme de tube

    transparent

     

    il ne bougeait presque pas

    tenait peu de place

    affichait un sourire permanent

    et ne faisait pas même le geste

    de mendier

     

    j'avais lu que le quotidien

    MAINICHI SHIMBUN

    organisait un concours annuel

    de haïkus

    et qu'un mendiant

    avait obtenu cette année-là

    le prix du meilleur poème

     

    je me suis demandé

    si l'homme près de mon hôtel

    était ce fameux lauréat

    ou s'il était déjà parvenu

    à cet état supérieur

    de la sérénité

    qui n'a plus besoin

    des mots

     

     

     

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  • Journal 9

    RETRAITE

     

    une maison à la campagne

    et un hiver rigoureux

    sont des conditions favorables

    à l'écriture

    et à la misanthropie

     

    dans une solitude choisie

    je me guéris de la ville

    et de son agitation

    artificielle

     

    la fréquentation des poètes urbains

    mâles ou femelles

    ne me manque pas

    plus que d'autres nuisances

    comme le bruit dans l'appartement voisin

    les dealers dans la cage d'escalier

    la pollution aux particules fines

    les vélos qui roulent sur les trottoirs

    l'agressivité dans les rues

    ou dans les allées du centre commercial

     

    je ne regrette que la bibliothèque

    riche de 2 millions de livres

    les restaurants japonais

    et le MONOPRIX

     

    où j'achetais mon bacon crispy

    fumé au bois de hêtre

    et ma salade de petites seiches

     

    produits introuvables

    dans ce superbe

    trou

     

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  • Journal 8

     

    je ne pourrai jamais oublier

    ce jour d'été de mon enfance

    où j'ai traversé en courant

    et sans regarder

    la route nationale 6

     

    et le hurlement des freins

    de la voiture

     

    dans mes jeunes années

    j'aurais pu mourir

    plusieurs fois

    par imprudence

    mais la mort

    n'a pas voulu de moi

     

    je ne lui en veux pas

    je n'ai ni dépit ni amertume

    d'avoir été snobé

    ignoré méprisé

    le manque d'attirance

    était réciproque

     

     

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