Mon texte "40 ans après" (ou Retrouvailles) vient de paraître sur la revue en ligne REALPOETIK n° 12.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Mon texte "40 ans après" (ou Retrouvailles) vient de paraître sur la revue en ligne REALPOETIK n° 12.
UN VOISIN CÉLÈBRE
dans le bulletin
paroissial
glissé dans ma boîte aux lettres
je découvre qu'un écrivain
connu
gros vendeur de livres
habite un village
des environs
une petite localité
dont le nom n'est pas cité
où il s'est installé
récemment
avec sa famille
il dit avoir trouvé
loin de Paris
le calme
la sérénité
et un excellent accueil
dans la campagne bourguignonne
à la lecture de ses propos
pleins de justesse
et de bon sens
je ressens de la sympathie
pour cet auteur
mais les seuls titres
de ses romans
me dissuadent
de les ouvrir
LEÇON D'ANGLAIS
chaque fois que je vais
à Seattle
pour raisons familiales
je rends visite
à la superbe et vaste librairie
The Elliott Bay Book Company
au numéro 1521
de la 10e avenue
pour acheter
un nouveau livre de poésie
de Charles Bukowski
en langue originale
dont je déchiffre
les difficultés
à l'aide de mon vieux
LAROUSSE anglais/français
je n'ai plus besoin
d'ouvrir le dico
pour connaître le sens
du mot whore *
que l'auteur utilise
plus souvent
que la moyenne
ce sont la vertu
de la répétition
du mot whore
et les nombreux exemples
de ce terme employé
dans des phrases concrètes
qui m'ont permis
de le mémoriser
comme quoi il ne sert à rien
d'apprendre par cœur
des listes de vocabulaire
qui vous ressortent
aussitôt
de la tête
je ne connais pas de meilleure
méthode qu'une lecture
studieuse de Bukowski
pour améliorer son niveau
en anglais
* whore : putain
Le texte "NOREV" a été publié dans le numéro 14 de la revue en ligne LICHEN (mai 2017) :
BROUILLONS
récemment j'ai vu resurgir
son nom
au sommaire de 2
ou 3 revues de poésie
et après avoir lu quelques-uns de ses textes
d'une facture assez classique
je trouve qu'elle s'est beaucoup
améliorée
depuis la lointaine époque
où elle m'avait montré
ses premiers poèmes
peu convaincants
mais mes propres textes
ne devaient pas l'être
davantage
cette lecture m'a rappelé
une brève période
tourmentée
pendant laquelle nous vécûmes une relation
d'une grande médiocrité
dont j'étais certainement
autant responsable
qu'elle
le soir j'allais la rejoindre
dans son appartement
juste au-dessus d'un restaurant
qui existe encore
une bonne table lyonnaise
où l'on sert des plats traditionnels
de qualité
POÈTES CHINOIS
ma santé fragile
et notamment mes affections
oto-rhino-laryngologiques
à répétition
m'ont privé d'une carrière
de poète chinois
du 8e siècle
en ces jours d'hiver le mercure
du thermomètre descend
jusqu'à moins 10 degrés
(moins 18 en température ressentie
avec le vent du nord)
et je m'imagine mal
vivant solitaire
dans une hutte de branchages
au sommet de la montagne
même en été
comment pourrais-je dormir
à même le sol
sur une couche de feuilles
une pierre plate pour oreiller
dévoré par les insectes
alors qu'adolescent je ne supportais
déjà pas le camping
de Palavas-les-flots
mon féroce appétit
ne saurait se satisfaire
d'un bol de riz quotidien
qu'il me faudrait mendier
de surcroît
et si je bois à l'occasion
un doigt de marc de Bourgogne ou une bière
blonde
je ne pourrais pas m'enivrer
des nuits entières
de vin de sorgho
ou d'alcool de riz
sans éprouver les symptômes
d'une crise hépatique
tels que nausées
et vomissements
disons-le tout de go
je n'ai pas la constitution physique
requise
pour de telles épreuves
ni le goût de la solitude
et d'une vie frugale
sans confort
et sans une provision de médicaments
contre la toux l'angine
la rhinite la sinusite
et la bronchite
chronique
voilà pourquoi je n'écris pas d'aussi bons poèmes
que les poètes chinois
du 8e siècle
voilà pourquoi je n'écris pas de poésie
du tout
j'ai plutôt le profil
d'un mandarin
qui lit bien à l'abri
et bien au chaud
les poèmes de LI PO
HÔTEL-DIEU
je n'ai gardé aucun souvenir
du jour précis de ma naissance
et suis obligé de faire confiance
au registre d'état civil
selon lequel je serais né
un 14 juillet du siècle précédent
à l'Hôtel-Dieu
de Lyon
dans ce vénérable hôpital
fondé en l'an 542
où Rabelais exerça la médecine
où le chansonnier Pierre Dupont vit le jour
et qui a été récemment fermé
transformé
en hôtel de luxe
par un maire de gauche aux idées libérales
résumons-nous
je suis né dans une maternité
qui n'existe plus
au cœur d'un hôpital
qui n'existe plus
mes géniteurs
ne sont plus
je garde précieusement
mon acte de naissance
établi par l'officier d'état civil
de la mairie du 2e arrondissement
attestant que je suis né de Marius François
et de Félicité
à une heure du matin
(le document ne précise pas
que la nuit fut orageuse
comme le racontait ma mère
à tout le voisinage)
c'est la seule preuve matérielle
de ma naissance
de ce jour à marquer
d'une pierre blanche
où s'enclencha
le compteur
de ma longévité
programmée